Pour tous les Québécois assez vieux pour avoir suivi l’actualité autour de l’an 2000, le populaire meme de Leonardo DiCaprio qui pointe son écran représente bien l’expérience de visionnement de Raël : Le prophète des extraterrestres. Il s’agit de la nouvelle série documentaire en quatre épisodes de Netflix : un retour nostalgique vers un passé étrange, quand Raël prétendait avoir cloné le premier humain et se faisait tirer le chignon par Serge Chapleau à Tout le monde en parle.
Une nouveauté chez Netflix, Raël : Le prophète des extraterrestres suit l'évolution du mouvement raëlien depuis la première rencontre de Claude Vorilhon avec les extraterrestres en 1973 en s'attardant sur les moments chauds de son parcours occidental : les accusations publiques de pédophilie en France, la construction de UFOLand à Maricourt, et, évidemment, la course au clonage.
La machine à true crime nous a habitué aux pires atrocités, aux revirements les plus fous et aux sectes les plus meurtrières. Comparativement à David Koresh et aux Davidiens, à Jim Jones et au Temple du Peuple ou à Shoko Asahara et Aum Shinrikyō, Claude Vorilhon et le mouvement raëlien paraissent presque inoffensifs aux yeux des spectateurs désensibilisés. Et avec ses balades sirupeuses, sa coiffe ridicule et son apparente fascination pour l’anus (!), il faut admettre que Raël inspire la moquerie bien avant la peur.
Peut-être parce que le côté « soft » du mouvement soucoupiste empêche Netflix de s’enfoncer dans le sensationalisme, ou parce que le sujet touche de si près les Français et les Québécois, mais Raël : Le prophète des extraterrestres fait preuve d’une concision qu’on ne trouve pas toujours chez le géant du streaming. Très bien recherchée, la docusérie met de l’avant un panel de grande qualité. Seul reproche : on aurait souhaité mieux comprendre les méthodes de séduction de la secte, les mécaniques permettant de recruter et de retenir des adeptes. L’intervention d’un spécialiste aurait été la bienvenue.
Du côté des fanatiques, la vedette est sans conteste la porte-parole Brigitte Boisselier, qui retient l’attention par sa beauté, sa voix quasi hypnotique et surtout, l’assurance avec laquelle elle affirme avoir cloné le premier être humain en 2002 — une affirmation dont elle ne déroge toujours pas, même plus de 20 ans plus tard. L’intrigante Boisselier occupe même plus de temps d’antenne que Vorilhon, qui fait d’ailleurs piètre figure : peu soigné, arrogant et ouvertement irrespectueux envers les femmes qui l’accompagnent, ce dernier ne fait aucun effort pour mettre le spectateur de son côté, comme s’il s’en fichait complètement.
Du côté des détracteurs, les Québécois reconnaîtront Brigitte McCann, la journaliste qui avait infiltré le mouvement en 2003. En publiant un dossier monstre dans Le Journal de Montréal, puis un compte rendu plus personnel dans son best-seller Raël : Journal d’une infiltrée, McCann avait mis un frein aux ambitions du gourou dans la province, qu’il avait fini par quitter.
Même si ses jours de gloire sont passés, on aurait tort de penser que c’en est fait de Vorilhon. À 77 ans bien sonnés, il est toujours aussi actif, comme nous l’apprend Raël : Le prophète des extraterrestres. En effet, le prophète autoproclamé a simplement troqué le Canada et la France pour le Japon et l’Afrique, où il a adapté son speech de vente à la culture en place pour mieux cibler des personnes vulnérables. Prédateur un jour, prédateur toujours.
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