Alléluia! Les amateurs d’horreur en manque de nouveautés peuvent de nouveau communier. Après une sortie en salle avortée en 2020, Saint Maud (Sainte-Maud) parvient enfin jusqu’à nous par les voies de la vidéo sur demande ce vendredi pour un pèlerinage qui marquera assurément les esprits.
On y suit Maud, une jeune infirmière en soins palliatifs à domicile résolument pieuse, chargée de prendre soin d’Amanda, atteinte d’un lymphome de stade 4. Lorsque la malade interrogera sa soignante sur ses convictions religieuses, cette dernière lui révélera qu’elle est directement connectée avec le Seigneur.
Pour une première réalisation, Saint Maud impressionne. La cinéaste anglaise Rose Glass tisse un film bien malsain avec son sujet divin. On comprend A24 d’avoir voulu mettre le grappin sur la chose lors de sa tournée en festivals, qui a généré beaucoup de bruit. L’esthétique léchée et l’approche horrifique assez originale de la production se greffe plutôt bien au reste du catalogue de la maison.
Le personnage de Maud aurait bien pu être celui de Carrie ayant évolué jusqu’à l’âge adulte dans le délire de sa mère — l’actrice Morfydd Clark (Crawl) rappelle même une jeune Sissy Spacek physiquement. Saint Maud utilise les codes du film de possession pour traiter ainsi de fanatisme religieux, un thème qui se prête on ne peut mieux à une ambiance macabre. Qu’advient-il lorsque le Tout-Puissant s’empare de vous?
Le scénario explore, dans un premier temps, cette relation naissante entre l’infirmière et sa patiente, une ancienne chorégraphe en phase terminale qui trempe dans le vice. La mission de Maud sera alors assez claire: sauver l’âme de la femme avant sa mort. On nous présente ensuite davantage la jeune femme dans son quotidien troublé; une dévote mésadaptée socialement et en quête de rédemption, notamment en lien avec un épisode sombre de son passé. À travers ses rencontres, la réalisatrice et scénariste traite de son sujet d’un point de vue exclusivement féminin, en plus d’y glisser quelques commentaires sur la solitude ou le consentement, par exemple, pour nous entraîner dans la psychologie de son personnage.
Bien sûr, Saint Maud n’est pas dépourvu de défauts. Les thèmes abordés demeurent parfois en surface et, outre sa finale coup-de-poing, le film est plutôt pauvre en frayeurs. Certains vous diront d’ailleurs qu’il s’agit d’un problème lorsqu’on visionne un film d’horreur alors que d’autres saluerons plutôt l’audace et le vent de fraîcheur dans un sous-genre exploité au possible. Clark y livre une performance intense, émotionnellement et physiquement, fascinante à suivre à l’écran, et Jennifer Ehle (Zero Dark Thirty) offre une sorte d’antagoniste toute aussi intéressante en malade libertine.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soumettez-vous à la tentation sournoise et diabolique de Saint Maud, mais n’espérez surtout pas en sortir délivré du Mal.
Saint Maud (Sainte Maud) est disponible en vidéo sur demande dès le 12 février.
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