Lors d’un coup de publicité, une influenceuse est tuée à coups d’escarpin après le meurtre de son chien. Ses amis, qui prétendent être dévastés lorsque la caméra filme, se fichent pas mal de l’évènement et organisent une petite soirée. Quant à Mia, elle choisit de renforcer son image de gentille fille en annonçant à ses abonnés que cette tragédie l’a incité à commettre une bonne action: garder le chien de sa sœur en voyage (oui, vous pouvez rouler des yeux). Elle regrette toutefois sa décision en regardant des vidéos de ses amis qui s’amusent sans elle… jusqu’à ce qu’un maniaque les prennent en otage, kidnappe le chien et menace de les exécuter si elle ne fait pas ce qu’il dit.
Pour celles et ceux qui vivent dans une grotte, les influenceurs sont des personnes «ordinaires» qui profitent de leur présence sur la toile ou les réseaux sociaux pour influencer les décisions d’achats de leurs abonnés en échange d’argent ou de produits gratuits. Nouveaux poids lourds du marketing, ils se spécialisent habituellement dans un domaine, comme la mode, la cuisine ou les voyages. Dans Shook, les influenceuses beauté passent sous la loupe – ou plutôt, à l’abbatoir. Au lieu de donner de la profondeur aux personnages et de légitimer leur métier qui, oui, en est un en 2021, le film ne va pas plus loin que le stéréotype de la fille nunuche, méchante et superficielle qui se fiche de tout sauf son nombre d’abonnés.
L’opinion populaire veut que les influenceurs soient paresseux et non créatifs, une critique qui s’applique aussi à Shook. Avec leur jeu forcé, qui met même parfois mal à l’aise, les actrices pourraient très bien être de vraies influenceuses qui n’ont jamais lu de scénario de leur vie. De l’autre côté, il faut admettre que la pauvreté du récit et des dialogues ne leur simplifient pas la tâche…
Les inconsistances font légion dans Shook. Même en suspendant notre incrédibilité, il ya tellement d’incohérences et d’inconsistances pour ne pas se demander «ben voyons, quessé ça?». On peut être influenceur avec seulement 3000 abonnés? Comment se fait-il qu’il y ait tant d’allées et venues dans la maison sans que Mia s’en aperçoive? Qui parle au téléphone maintenant? LE CHIEN EST RENDU OÙ?!
Il faut dire qu’une part de la confusion revient aux choix stylistiques de la réalisatrice/coscénariste Jennifer Harrington et de son équipe. En Amérique du nord, le found footage a pavé une route que le cinéma d’horreur des dernières années a innové avec l’insertion du virtuel (textos, médias sociaux, engins de recherche…) dans le réel, comme dans Host et Seaching. Shook tente de pousser plus loin avec un concept intéressant, mais peu esthétique et portant à confusion. Les messages et vidéos reçus passent par une ribambelle de traitements pour illustrer la dynamique voyeur/exhbitioniste et souligner l’insipidité du mode de vie de Mia. Tout à tour, parfois même simultanément, ils sont projetés sur les murs, lus à voix haute ou reconstitués par leurs destinataires devant elle à la manière d’une pièce de théâtre. Ce qu’elle vit reçoit un traitement semblable, avec l’apparition imaginée d’abonnés qui observent passivement la scène ou l’utilisation de caméras de surveillance. On saluerait bien cette ingéniosité si elle ne nous distrayait pas au point de tuer le suspense dans l’œuf.
Shook est décidément un produit de 2020-2021, surtout avec l’inclusion peu inspirée de tendances comme le synthwave ou la classique réinterprétation lente et lugubre d’une chanson pop (dans ce cas-ci, Girls Just Wanna Have Fun, un tube que personne ne réussira jamais à rendre menaçant). En se voulant ingénieux visuellement, il perd son pouvoir sur le spectater qui, malgré les revirements de situation, et il y en a au moins trois, voit tout venir à l’avance.
Et puis, on en a marre de se faire dire que les médias sociaux nous éloignent de la vraie vie: on le sait, bordel! Le message de Shook tombe à l’eau parce que le film nous donne une seule envie: prendre notre téléphone et défiler son fil Instagram pour que le temps passe plus vite.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.