À quel point êtes-vous confiant en vos chances de gagner à un jeu d’enfants comme «feu vert, feu rouge»? Si l’on vous offrait un montant d’argent à condition de remporter un jeu que vous adoriez à six ans, le défi ne vous semblerait sans doute pas de taille. Mais iriez-vous jusqu’à parier votre vie sur une partie de billes?
La vie de Seong Gi-hun tombe en morceaux. Sans autre solution, ce raté sympathique accepte l’invitation d’un étranger de participer à une compétition de jeux d’enfants contre une somme d’argent qui règlerait tous ses problèmes. Évidemment, c’est trop beau pour être vrai. Pour garder sa tête dans Squid Game, il ne suffit pas de participer: il faut gagner.
L’engouement pour la série coréenne écrite et réalisée par Dong Hyuk Hwang (The Fortress) pour Netflix rappelle à la fois le succès critique de Parasite, premier film étranger à remporter l’Oscar du meilleur film en 2020, et le statut culte de Battle Royale, encore aujourd’hui l’un des films de jeu meurtrier les mieux connus. Mais attention: Squid Game possède une voix bien à lui.
Sombre et nihiliste, Squid Game laisse peu de répit au spectateur, tant dans son rythme que ses virements et l’acharnement dont il fait preuve envers ses personnages. Bien que la plupart se divisent sans grande ambigüité entre bons et méchants, ils n’ont sont pas moins étoffés et multidimensionnels et ce, avec un seul recours au flash-back. Mis à part certains comportements répréhensibles hors de tout doute, leurs choix sont traités avec empathie et émotion. On s’attache avant tout au personnage principal, mais aussi à ses alliés, dont une transfuge nord-coréenne et un immigrant pakistanais.
Dans cette satyre du capitalisme, l’argent présente la seule chance de survie. Pour ces personnages qui croulent sous les dettes, le monde extérieur n’a plus de solutions à offrir. Terrifiés, désespérés et ostracisés, ils n’ont d’autres recours que la fausse promesse de démocratie d’un jeu qui leur présente leur seul espoir de s’en sortir… au prix de leur humanité. Ici, au moins, les joueurs sont à chances égales. Les maîtres du jeu se mêlent peu du dénouement: la société fait son travail et les participants se mangent entre eux.
Les contrastes attirent l’oeil, comme ceux du surréalisme pastel du centre de jeux et de la grisaille de la ville, ou encore de la violence graphique et des symboles enfantins. Le choix de la musique qui accompagne certaines scènes et séquences particulièrement mouvementées propose aussi une opposition audacieuse et réussie.
Presque parfait, Squid Game possède tout de même quelques lacunes. Bien qu’intéressante, l’intrigue impliquant un policier qui infiltre les jeux soulève plus de questions qu’elle n’y répond, en plus de mener à une conclusion assez prévisible. Même si l’on apprécie ce mystère, il peut devenir frustrant alors que la série progresse et révèle plus de détails sur les derrières du jeu, mais sans toutefois fournir plus d’informations sur son fonctionnement et sa raison d’être.
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