Dans une campagne reculée, un homme ouvre le coffre de sa voiture. À l’intérieur, deux garçons ligotés et bâillonnés le supplient de ne pas leur faire de mal. Indifférent, il saisit brusquement Kevin puis referme le coffre sur Bobby. Plongé dans le noir, ce dernier manque de plus en plus d’oxygène. Miraculeusement, le jeune de 12 ans réussit à sortir. Il prend ses jambes à son cou, mais les cris étouffés de son meilleur ami le retiennent. À peine quelques heures avant leur enlèvement, ils ont juré de ne jamais s’abandonner. Bobby tiendra sa promesse. Terrifié, il s’enfonce dans la maison où son compagnon est enfermé.
The Boy Behind the Door exploite la phobie de tous les parents: qu’un maniaque enlève leur enfant. Alors que les films d’enlèvement se déroulent habituellement du point de vue du père, de la mère et des enquêteurs, le premier long-métrage de David Charbonnier et Justin Powell (tous deux derrière le court Secret Admirer) suit exclusivement le parcours des jeunes victimes.
En général, le cinéma suggère la violence envers les enfants au lieu de la montrer. Bien sûr, The Boy Behind the Door n’a rien d’un torture porn, mais les garçons subissent assez d’humiliations, de coups et de blessures pour heurter notre sensibilité. Même si aucun abus sexuel n’est commis au cours du récit, on apprend rapidement que les jeunes séquestrés dans cette maison sont «achetés» par des pédophiles qui font d’eux ce qu’ils veulent avant de les tuer. Ce fait n’est pas montré explicitement, mais son existence pourrait suffire à rendre le visionnement trop difficile pour certains.
L’acteur qui incarne Bobby, Lonnie Chavis (This Is Us), fait preuve d’un talent certain. Son registre s’avère supérieur au niveau non-verbal quand il s’agit d’exprimer sans mots la peur, la douleur ou la tension. En revanche, la performance trop forcée d’Ezra Dewey (Criminal Minds) ne lui permet pas de se démarquer dans le rôle de Kevin. Chavis et Dewey ont peu de répliques à réciter, une bonne chose puisqu’ils dictent tous deux leurs lignes de manière un peu automatique. Comme ils sont jeunes et que le scénario consacre peu d’énergie au développement de leurs personnages, on ne peut leur en vouloir de manquer parfois de profondeur. La courte introduction et l’absence de flashbacks ne fournissent aucune information sur les jeunes, qui ne sont définis que par leur amitié.
Comme plusieurs films où les personnages jouent au chat et à la souris, la chasse se déroule dans un manoir aux pièces innombrables et aux couloirs interminables qui déstabilisent le spectateur autant que les prisonniers. Convention oblige, les personnages allument rarement les lumières, à l’éclairage de toute manière trop faible pour servir. Côté sonore, avec son violon nerveux, ses battements qui ressemblent à des bruits de pas et le grincement régulier d’une installation de forage pétrolier, l’ambiance musicale évoque plutôt le récit surnaturel. Niveau suspense, ce choix porte fruit.
La caméra suit le sujet avec un travelling d’une inquiétante proximité, quasi fixée sur son épaule pour que l’audience retienne son souffle à chaque recoin. L’usage répété de ce mouvement de caméra recrée l’immersion de jeux d’horreur de type survival. Les séquences impliquant une poursuite à la hache rappellent d’ailleurs fortement celles d’Outlast 2, lorsqu’une infatigable fanatique talonne le joueur en brandissant une pioche. Et tant qu’à parler de jeux vidéo, qui connait Hello Neighbour, où un jeune garçon doit trouver le moyen de s’échapper de la maison piégée de son sinistre voisin? Considérant les obstacles de la demeure (portes verrouillées, poignées brisées, etc), la caméra subjective et le thème de la pédophilie, ce jeu développé par Dynamic Pixels vient à l’esprit lors du visionnement de The Boy Behind the Door.
Le temps élastique, qui se fige comme il s’étire, occasionne des pauses parfois exagérées. Lorsqu’un antagoniste tourne le dos à Bobby, et que ce dernier en profite pour s’exposer beaucoup trop longtemps au centre d’une pièce, difficile de suspendre son sentiment d’incrédulité. Quelques scènes ne font aucun sens au niveau temporel d’ailleurs, comme lorsqu’un plancher sanglant est impeccable au bout de quelques minutes de nettoyage — avec trois torchons à vaisselle seulement, en plus!
Oui, les mauvaises décision font légion. Certaines sont imputables à l’âge et à la naïveté des personnages, tandis que d’autres n’existent que pour faire avancer le récit. Les clichés se succèdent aussi et certains détails laissent perplexes: pourquoi, par exemple, avoir fait des kidnappeurs des supporters de Trump puisque ce détail ne mène nulle part?
Même s’il commande l’attention du spectateur, The Boy Behind the Door n’invente rien. Étrangement, le film adresse des clins d’œils à des classiques comme Pet Sematary, The People Under the Stairs et, surtout, The Shining. Que vous les trouviez ratés ou réussis, vous ne pourrez ne pas remarquer les hommages directs à l’adaptation du livre de King par Kubrick.
Un peu trop long et tiré par les cheveux, The Boy Behind the Door n’en est pas moins l’une des surprises les plus agréables de l’année. On espère que cette introduction au cinéma d’horreur donne la piqûre au prometteur Lonnie Chavis!
The Boy Behind the Door arrive le jeudi 29 juillet en exclusivité chez Shudder.
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