last voyage demeter

[Critique] The Last Voyage of the Demeter: Dracula à la dérive

Avec The Autopsy of Jane Doe en 2016, André Øvredal avait démontré une maîtrise des codes de l’horreur et du suspense dans une formule si originale qu’on en oubliait facilement les incohérences qui truffaient le récit. Hélas, The Last Voyage of the Demeter (La Légende du Demeter) ne possède pour sa part aucun élément rédempteur assez fort pour justifier la paresse de son scénario.

Les événements du septième chapitre, lors duquel un bateau chargé de caisses de bois s'échoue sur les côtes de Whitby en Angleterre, sont les plus énigmatiques du roman Dracula. Les articles de journaux qui le composent racontent que le cadavre du capitaine a été retrouvé attaché au gouvernail avec un crucifix entre les doigts, tandis que quelques extraits du journal de bord tracent de façon sommaire le destin tragique de l'équipage terrorisé par le vampire éponyme. The Last Voyage of the Demeter lève le voile sur ce voyage funeste. 

Il y a pourtant au moins vingt ans que le projet est en branle; une version signée David Slade (30 Days of Night, Bandersnatch) avait même presque vu le jour en 2012. Comment faire pour passer tant de temps sur un projet aussi bidon (on parle quand même de Dracula sur un bateau!) et perdre le cap à ce point?

The Last Voyage of the Demeter affiche film

Avec un Corey Hawkins (The Walking Dead) investi et un Liam Cunnignham (Game of Thrones) toujours aussi autoritaire, la distribution n’est certes pas à blâmer. Habitué à camper les créatures démoniaques, Javier Botet (REC, Scary Stories to Tell in the Dark) incarne un prince des ténèbres grotesque et répugnant qui se rapproche bien plus de Max Schreck que de Gary Oldman. À la conception inspirée par l’anatomie de la chauve-souris, impressionnante bien que conventionnelle, le monstre ne possède toutefois guère plus de quelques minutes de temps d’écran pour nous effrayer, autrement caché dans le noir, derrière un brouillard opaque.

Au lieu de contribuer à l’atmosphère d’épouvante, les conditions météorologiques s’avèrent plutôt frustrantes, peut-être parce qu’on sent qu’elles servent à brouiller un univers largement numérique. The Last Voyage of the Demeter ne tire étrangement pas parti du lieu où il se déroule. Contrairement à d’autres titres du même genre, comme l’excellente série The Terror, le film ne parvient pas à rendre tangibles l’isolement, la crasse et l’angoisse de la vie sur un navire au 19e siècle.

Malgré les tempêtes qui balancent le bateau de tous bords, le film suit son cours de façon ennuyante. Une trame sonore plus dynamique aurait peut-être réussi à relever le rythme. On aurait aussi apprécié à tout le moins une certaine introduction à la légende de Dracula, une responsabilité qui aurait pu revenir au personnage d’Anna (Aisling Franciosi), qui n’a malheureusement d’utilité que de diversifier la distribution masculine.

Enfin, on peut s’entendre pour le dire: les passagers clandestins du Demeter ne portent certainement pas les noms Horreur et Angoisse. Une excursion en zodiac vous apportera le même niveau de frissons.

Note des lecteurs36 Notes
Pour les fans...
de Dracula, évidemment!
de «creature design»
de récits d'horreur sur la mer
2.5
Note Horreur Québec

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