L’atmosphère était survoltée mardi soir dernier à Fantasia pour la grande vraie première mondiale de l’anthologie d’horreur québécoise très attendue: Montréal Dead End! Les 18 réalisateurs du projet piloté par Rémi Fréchette étaient présents avec leurs équipes et distributions respectives pour découvrir le résultat final ; bref, y avait du monde à’ messe!
La prémisse de départ n'est pas si farfelue: un trou béant à l'angle des rue St-Denis et Maisonneuve crache une épaisse fumée verte. Tous les quartiers de la ville se retrouveront tour à tour affectés par le nuage dangereux.
D’emblée, il faut saluer l’idée un peu folle de rassembler un si vaste collectif en presque autant de segments et ainsi créer une anthologie de genre, avec pratiquement aucun moyen. Évident que le résultat final sera inégal. C’est d’ailleurs toujours le cas, même avec des collections de courts de créateurs expérimentés. On passe de l’horreur au psychologique à la comédie jusqu’au très très loufoque. Comme le mentionnait Marc Lamothe, co-directeur général de Fantasia, lors de la présentation du film, c’est un peu ça Montréal: toute cette diversité!
Le Mont-Royal se retrouve transformé en un épisode de The Evil Dead lorsqu’une femme en pleine séance de course (Mirianne Brûlé, Le poil de la bête) éprouve quelques problèmes avec la végétation. Les genres sont échangés au Parc Lafontaine peu avant qu’un homme rencontre les parents de sa nouvelle copine.
Impossible de commenter tous les segments, mais les courts des quartiers les plus intéressants sont souvent ceux qui vont puiser dans les caractéristiques types de ses résidents ou encore carrément dans son histoire. Hochelaga, qui plonge un petit bar de la rue Ontario dans une infestation d’insectes géants, est ambitieux en ce sens. En plus des dialogues incisifs sur les environs, on a droit à un carnage très bien orchestré. Impossible de ne pas éclater de rire également lorsqu’on découvre cette idée géniale derrière le segment de zombies fancys du Mile-End. Celui du Vieux-Montréal nous entraîne quant à lui dans une histoire mystérieuse entourant Marguerite Bourgeois; chapeau à la photographie! Finalement, la simplicité et l’efficacité derrière ceux de Rosemont, où deux grands-mères (impossible de rester de glace devant l’actrice Carmen Sylvestre) se retrouvent attaquées, et du Marché Atwater, qui nous sert un nouveau Return of the Killer Tomatoes!, sont louables.
Oui, Montréal Dead End est truffé de mauvaises performances, de scénarios légers et d’effets plus ou moins réussis (ceux du nuage intégré dans la ville sont toutefois saisissants), mais il faut savoir que nous sommes en présence de kinos réalisés par des cinéastes de la relève qui ont, pour la plupart, peu ou pas d’expérience dans le domaine et sont soumis à des contraintes importantes. Lorsque le résultat final divertit au moins autant (sinon plus) qu’une anthologie créée par des monuments du cinéma d’horreur, on ne peut qu’applaudir.
Avec ses nombreux plans aériens, le film opère comme une belle carte de visite de la ville. On aime y voir nos quartiers, nos endroits préférés: on sourit en apercevant l’orange Julep, La Banquise, etc. On imagine donc que le résultat s’avérera difficilement exportable à l’extérieur de la province ou même chez ceux qui ne connaîtraient pas bien la grande Métropole tellement ces références sont nécessaires à l’appréciation de l’ensemble.
Montréal Dead End est essentiellement un maudit beau trip de gang, créé expressément pour les Montréalais, qu’on vous suggère de visionner en groupe et préférablement avec une grosse 50.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.