La douce et maladroite Rowan accompagne son amie Emily à son chalet familial. Alors qu’il devient clair que le copain de celle-ci, Brendan, s’attendait plutôt à une escapade amoureuse, la jeune femme compose avec sa position de troisième roue en se repliant sur elle-même. Bien que ce soit Emily qui se rétablisse d’une chirurgie, les rôles sont inversés et Rowan, qui se réveille avec des coupures aux avant-bras qu’elle ne se souvient pas s’être infligée, se retrouve alitée, veillée par son amie.
Mais les intentions d’Emily sont-elles pures? Rowan se blesse-t-elle vraiment sans en avoir conscience, ou est-ce plutôt ce qu’on essaie de lui faire croire? Des rêves étranges, des tensions amoureuses et des fioles de sang laissent présager le pire. La paranoïa s’installe.
Le canadien Bleed With Me tire le meilleur de l’intimité de son décor de chalet d’hiver, où la richesse des matières naturelles tient lieu de cocon qui ne peut protéger. Le confort et la sobriété de la rustique demeure, où Rowan découvre ici et là des détails appartenant au passé de son amie, donne une place de choix au spectacle du lieu, une position de voyeur accentuée par les jeux de fenêtres, de miroirs et de portes entrebâillées. La formule lente, mais jamais ennuyante, nous aspire dans un monde feutré où quelque chose ne tourne pas rond… un monde où l’on ignore ce qui est vrai et ce qui est faux.
La relation de codépendance des jeunes femmes est portée par Lauren Beatty et Lee Marshall, qui infusent leurs personnages d’une inquiétante vulnérabilité, d’une étrange douceur. À la direction et au scénario, Amelia Moses nous confronte sans violence, avec subtilité, au malaise que nous inspirent la dysphorie, la psychose, la maladie mentale et, surtout, l’automutilation; des thèmes difficiles dont elle exploite l’inconfort avec le confort d’une cinéaste brillante dont la carrière promet de grandes choses.
Lisez également notre entrevue avec la cinéaste Amelia Moses.
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