La vie est comme une boîte de chocolats: on ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est ce que vit tout bon chasseur de nanars que nous sommes. En explorant les bas-fonds du cinéma, qui sait si l’on découvrira une pépite ou un énième film voué aux oubliettes? Pour le savoir, il faut absolument visionner ces œuvres parfois difficiles à terminer. Mais où serait le plaisir si tous les films étaient bons? Nous vous le demandons.
La chronique L’horreur de B à Z partage donc ses dernières trouvailles: un nouveau film de crocodiles intitulé Croc!, un film de créatures chinois avec The Curse of the Kraken, la nouvelle exploitation de SRS Cinema Amityville Thanksgiving, la suite d’Attack of the 50 Foot Camgirl, Giantess Battle Attack, puis la comédie musicale Ed Gein: The Musical. Pépites ou navets? À vous de voir.
Croc!
Si la sharksploitation ne cesse de nous surprendre (ou de nous décevoir, c’est selon), les crocodiles et alligators ne sont jamais loin, en particulier depuis le récent succès Crawl. Réalisé par Paul W. Franklin, Croc!, sorti initialement dans les festivals sous le titre Crocodile Vengeance, est une série B qui ne vole pas haut. Le synopsis tient sur une ligne:
Lisa et Charlie préparent leur mariage sans savoir qu’un crocodile les attend en cette journée qui leur sera inoubliable.
Les personnages n’ont à peu près aucune personnalité. Le père de la mariée, veuf, couche à gauche et à droite et flirte avec les amies de sa fille. Charlie trompe sa conjointe à la veille de son mariage et ne mentionne à personne que sa maîtresse a été dévorée par un crocodile, alors que sa fiancée, elle, est plus affectée par son mariage gâché que par la mort de ses amies. Bref, aucun moyen de s’attacher à qui que ce soit.
Le reptile n’est pas si mal. On a vu mieux, mais il y a pire également. Par contre, les attaques en CGI sont particulièrement horribles. Et si on oublie les clichés habituels du genre, il ne reste pas grand-chose à dire. Il ne s’agit pas d’un bon film, mais ce n’est pourri pour autant. À voir pour les amateurs d’animaux tueurs qui ont 80 minutes à tuer.
Croc! est disponible en DVD.
Donald Plante
Curse of the Kraken
On dirait que le cinéma chinois tente de rattraper l’Amérique en termes de mauvais films de créatures marines. Après Land Shark un peu plus tôt cette année, c’est maintenant Curse of the Kraken qui arrive sur nos écrans de télévision.
Infecté par un parasite avant d'être attaqué par des pirates, un équipage de navire chinois n'est pas au bout de ses surprises quand débarquent un requin à deux têtes et, finalement, un kraken géant mangeur d'hommes...
Le film, réalisé par Wu Shile, est exactement à la hauteur de sa proposition. C’est idiot, mais divertissant. Sans absolument rien ajouter à l’édifice de la série Z animalière, Curse of the Kraken est dans la moyenne de ce genre de métrage, mais réussit tout de même à se distinguer sur certains points. Notons les angles de caméra expérimentaux qui font sourciller à plusieurs moments et, surtout, le côté très sérieux des acteurs et actrices. Le décalage est magnifique entre le n’importe quoi du déroulement et la tragédie dans le regard des protagonistes. Bref, un bon série Z qui tend vers le nanar comme on les aime.
Curse of the Kraken est disponible sur Tubi.
Raphaël Boivin
Amityville Thanksgiving
Et oui! Un autre film Amityville! Ça doit bien être le quarantième. Après nous avoir livré Amityville Karen, SRS Cinema nous offre Amityville Thanksgiving avec une affiche sur laquelle une dinde menaçante surplombe la fameuse maison hantée. Est-ce que ça a rapport avec l’histoire? Pas pantoute! Il s’agit encore d’un titre accrocheur pour exploiter davantage le nom avec une œuvre sans réel récit. Mais on aime ça, non? Non?
Un couple en difficulté tente le tout pour le tout en rendant visite à un conseiller conjugal durant leurs vacances. Peu de temps après, ils réalisent que le docteur a des intentions sinistres qui pourraient faire de cette Action de grâce leur dernière.
Les personnages sont pratiquement inintéressants et joués sans réel talent. Le thérapeute, qui habite apparemment Amityville, aime filmer les témoignages, mais également les ébats amoureux des couples dans leur chambre. D’ailleurs, des visages familiers font partie des anciens patients: Julie Anne Prescott (H.P. Lovecraft’s Witch House) et Shawn C. Phillips (Amityville Karen). La scène de possession est amusante, mais on a droit qu’à dix minutes maximum d’horreur. Le film se termine sur un bulletin de nouvelles à propos du docteur maléfique, ainsi que divers témoignages interminables, tous plus endormants les uns que les autres, d’anciennes victimes ou de personnes laissées dans le deuil. Et où est la dinde dans tout ça? Divulgâcheur: Il s’agissait du fétichisme d’un couple qui aimait baiser déguisé en dinde. C’est tout. Et dire que le réalisateur a deux autres projets Amityville à venir. On n’est pas sortis du bois!
Amitivylle Thanksgiving est disponible en Blu-ray.
Donald Plante
Giantess Battle Attack
Si on avait à nommer qu’une seule qualité aux films de Full Moon Features, c’est qu’ils ne perdent pas de temps pour sortir. Parfois, ça permet à des ovnis absurdes à la Corona Zombies d’arriver au seul moment où ils sont pertinents et de récolter un petit succès, mais souvent ça ne fait que faire exister des produits complètement dispensables. Ce Giantess Battle Attack, suite de Attack of the 50 Foot Camgirl, fait malheureusement partie du second cas.
Après être devenue géante et avoir démoli une partie de sa ville, Beverly se retrouve à travailler pour une compagnie de construction pour réparer les dégâts. C'était toutefois sans compter sur un ennemi du passé bien déterminé à se venger...
Même si le premier volet de cette saga n’était pas génial, il bénéficiait d’une cohérence dans son délire dont cette suite manque cruellement. Le scénario est encore plus faible qu’avant et le montage, complètement raté, rend plusieurs éléments incompréhensibles. Si Ivy Smith reste attachante dans le rôle de la géante, tout le reste manque profondément d’âme. Peut-être qu’un peu plus de temps en pré et en postproduction aurait pu rendre le long-métrage au moins égal à son prédécesseur, mais malheureusement, il y a de fortes chances que ce désastre tue la franchise potentielle aux yeux de nombreux fans.
Giantess Battle Attack est disponible via Full Moon Features.
Raphaël Boivin
Ed Gein: The Musical
Qui ne connaît pas Ed Gein, ce fameux tueur en série, voleur de tombes, qui a inspiré à lui seul Psycho, The Texas Chainsaw Massacre et Silence of the Lambs? Eh bien, saviez-vous que sa vie a également inspiré une comédie musicale?
Sortie initialement en 2010, l’œuvre de Steve Russell mettant en vedette Dan Davies dans son premier rôle dépeint avec légèreté et humour les derniers moments du boucher de Plainfield. Au lieu de relater la vie et les horribles crimes du tueur, le réalisateur a plutôt opté pour les souvenirs lors de son interrogatoire par la police. On vit donc les différents moments de sa vie selon son point de vue troublé.
Les amateurs de gore seront par contre déçus. Malgré la lourdeur du sujet, on se surprend à rire et parfois à être touché. Le film survole l’enfance difficile d’Ed Gein, son trouble social, la perte de sa mère, etc. La réalisation s’adapte selon les moments racontés de sa vie: lorsqu’il parle de son échappatoire dans les bandes dessinées, Russell utilise un filtre pour créer un style bédéesque.
Le tout nous fait découvrir un être complexe et sensible. Par contre, à force de nous raconter son passé éclaté en effleurant à peine les meurtres et déterrements de cadavres, l’histoire finit par nous perdre et aurait gagné à être resserrée. Si on s’ennuie à quelques moments, mais les chansons farfelues rompent heureusement la monotonie pour ajouter un peu de couleur à cette histoire sombre.
Ed Gein: The Musical est disponible en Blu-ray.
Donald Plante