La plupart d’entre nous avons découvert Marilou Addison avec Anita, le premier volet de la collection Cobayes à laquelle ont collaboré notamment Yvan Godbout et Madeleine Robitaille, mais la Montréalaise a entamé sa carrière bien avant 2014. Particulièrement productive dans la littérature pour enfant et pour ado, elle peut tout aussi bien pondre des romans pour adulte qui ne font pas dans la dentelle. Avec Bouche cousus, Marilou Addison s’affirme comme redoutable auteure d’horreur du Québec et les Éditions de Mortagne, comme un éditeur qui a le flair pour dénicher de petits bijoux.
À l’instar d’une autre excellente œuvre d’ici, la trilogie La Bête de David Goudreault, Bouches cousues suit les méandres d’un personnage tout sauf attachant. Béatrice Ross est une mégère cruelle et égoïste atteinte d’un trouble d’accumulation compulsive qui vit dans une maison souillée dont on peut facilement imaginer l’état (et l’odeur!). Ses colocataires: son mari à la bouche cousue qu’elle garde à peine en vie et des dizaines de chats sauvages nourris avec des cadavres humains.
Fière membre du Cercle des Fermières qui ne manque jamais une messe, madame Ross mène cette existence barbare avec complaisance… jusqu’à ce qu’elle frappe un voisin avec sa voiture. L’accident provoque une réaction en chaîne et menace de l’exposer. Le lecteur suit de près la perte de contrôle de la meurtrière sur une période d’environ deux semaines, décrite sans censure par une auteure parfaitement à l’aise dans la crasse et le glauque. Addison adopte un style simple et direct, accessible, qui se prête à une lecture rapide et absorbante.
Les mésaventures de ce personnage détestable se concluent par une grande révélation qui prend au dépourvu, mais ne fait pas parfait sens. Comme c’est souvent le cas avec les finales-chocs, la découverte est trop énorme pour convaincre. Heureusement, la chevauchée est beaucoup trop divertissante pour s’attarder sur quelques invraisemblances!
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