Pornovores 1

[Littérature] Pornovores: pour ceux qui n’ont pas peur de se mouiller

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4

Quand elle installe sa maison de production de films érotiques dans un immeuble d’allure banale, Erin Pink ne se doute certainement pas que des forces sinistres se nourrissent de l’énergie sexuelle des acteurs pour gagner en force. Mais qu’est-ce qui est le plus improbable, un revirement surnaturel sanglant ou une star porno qui tombe amoureuse d’un simple programmeur?

PornovoresEn se donnant le pari d’écrire Pornovores, un roman d’horreur et d’amour, Frédéric Raymond (Jardin de chair, Horrificorama) prouve qu’il n’a pas plus peur des défis que Brandi Love d’un buttplug. L’auteur se trouve d’ailleurs aux commandes de La maison des viscères, qui nous a offert l’année dernière Quinze croix pour le lys rouge, qui faisait le funambule entre horreur et porno.

Pornovores offre au lecteur un récit bien ficelé aux personnages principaux conçus avec le souci du détail d’une Fleshlight. L’humanité d’Erin et de Pierre-Alexandre, le programmateur (rien à voir avec notre collaborateur Pierre-Alexandre Bonin, nous rassure-t-on), compensent d’ailleurs pour les clichés qui composent les autres personnages, comme le boss bougon, le concierge louche et la serveuse un peu matante – tous réalistes, mais un peu convenus.

Avec un refus admirable de tomber dans la facilité, Raymond a visiblement accordé beaucoup d’attention au dosage de la part d’érotisme de son récit, qui évolue pour se transformer en une histoire de fantôme toute sauf traditionnelle, soutenue par son style fluide et direct. On ignore si c’est vraiment le cas, mais Raymond donne l’impression d’écrire avec une telle facilité qu’on est un peu jaloux.

En revanche, le format très court ne se prête pas tout à fait au récit somme toute assez ambitieux. Le dénouement s’étale sur près de cent pages, pas loin de la moitié du roman lui-même. Malgré la finesse de la mise en place, les actions qui se précipitent empêchent le lecteur d’apprécier pleinement l’intensité de l’horreur et des sentiments amoureux qui se déploient. Peut-être est-ce le moment pour ce grand talent de la fiction d’horreur au Québec de s’attaquer à un livre de taille plus ambitieuse? On te met au défi, Raymond!

Au final, Pornovores confirme le savoir-faire d’un auteur dévoué à la cause de la littérature de genre qui prêche pour sa paroisse… même quand celle-ci n’a rien de catholique!

Achetez le livre sur le site des Six Brumes ou rendez-vous au Salon du livre de Trois-Rivières le 28 mars pour rencontrer l’auteur!

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