La plupart des fêtes ont leur(s) slasher(s): Black Christmas, Halloween, My Bloody Valentine, April Fool’s Day… Pourquoi pas la Saint-Jean-Baptiste?
C’est la question posée par Frédérick Durand dans Quinze croix pour le lys rouge, un slasher 100% québécois publié à La maison des viscères. Le récit, vous le connaissez déjà: un groupe de jeunes fêtards aux hormones qui plafonnent se réunit dans un chalet isolé où un maniaque les élimine les uns après les autres. La twist? Enragé par l’américanisation de ses victimes, le meurtrier se sert d’objets symboliques québécois pour les assassiner, comme des raquettes, une ceinture fléchée ou même la revue de cinéma Séquences!
Si Quinze croix pour le lys rouge était un film, il ne serait certainement pas PG-13. Chaque meurtre met la totale en fait d’imagination et de sadisme: une scène en particulier, qui implique une photo de René Lévesque et une plaque d’immatriculation, ne peut d’ailleurs que mériter les applaudissements du lecteur en manque de gore. On peut dire que ça fesse en tabarnak!
Ce ne sont pas juste les lecteurs en manque de gore qui en ont pour leur argent. Les règles du slasher obligent, les accouplements entre jeunes adultes niaiseux et stéréotypés s’enchaînent. La nerd, la gothique, le preppy, l’artiste, le sportif et les autres ont à peu près tous le plaisir de s’ébattre à cœur joie lors de scènes érotiques très explicites. Dans un roman aussi court (180 pages), ça fait beaucoup de sexe. On vous prévient!
Un excellent prologue, au nom bien à-propos de «Le slasher, cet enfant malaimé», fait office d’amuse-gueule avant ce plat national bien sanglant. Frédérick Durand ne réinvente pas le slasher, mais il prouve son amour du genre et sa maîtrise des conventions. Ainsi, on pourrait reprocher à Quinze croix pour le lys rouge de présenter un récit assez convenu avec peu de psychologie et des personnages superficiels. Mais n’en est-il pas de même pour Friday The 13th?
Quinze croix pour le lys rouge infuse le paysage littéraire d’horreur du Québec de sang neuf avec l’enthousiasme d’une hémorragie, en plus de réussir le tour de force de ne pas tomber dans la réprimande souverainiste ou fédéraliste. Quelles qu’elles soient, les opinions politiques de l’auteur ne transparaissent pas dans ce roman.
De superbes illustrations intérieures de Filip Ivanović complètent cet ouvrage pure laine à lire au chalet en buvant un bon caribou… mais n’oubliez pas de verrouiller les portes!
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