Le sexy inspecteur du SPVM Jack Travis Nick Jarvis, auquel ni les femmes ni les triathlons ne résistent, enquête sur une sordide affaire d’organes volés à Montréal. Des individus disparaissent et se réveillent plusieurs jours plus tard amnésiques et un rein en moins. Le docteur Frankenstein, ce médecin des motards qui fait des transplantations illégales on the side, serait-il plus qu’une légende urbaine?
On comprend difficilement les maladresses de Sutures, qui ne propose au final qu’un roman policier très générique, voire presqu’une ébauche. Des personnages en carton échangent des dialogues sans vie. Ce mystère sensé nous entraîner dans l’univers du crime organisé présente plutôt une organisation criminelle branlante, amatrice et mal organisée, qui se laisse prendre bien trop facilement.
L’enquête se trouve elle-même à l’état de brouillon expédié. Des pans entiers en manquent pour que les amateurs de roman policier y prennent plaisir. L’enquête de Sutures, publié cet automne par François-Bernard Tremblay aux Éditions de Mortagne, se présente au lecteur par une écriture simple et monotone. Au Québec, les enquêtes de Temperance Brennan par Kathy Reichs ou celles de Maud Graham par Chrystine Brouillet ont beaucoup plus de chair autour de l’os.
Certains choix mal avisés nuisent aussi au roman. Pourquoi avoir affublé un homme de main du surnom de Bruce Willis pendant si longtemps, lui enlevant toute crédibilité? Pourquoi cet interlude maladroit de quelques pages où Jarvis pense adopter la petite fille d’une victime toxicomane? Surtout, on est loin d’être titillé par ces quelques scènes érotiques sans inspiration qui «relève» le récit et qu’on dirait avoir été écrites par obligation.
Pourtant, François-Bernard Tremblay sait certainement reconnaître un bon texte. Après tout, il a fondé en 2007 la revue littéraire Clair/Obscur, un magazine consacré à l’horreur qui a notamment publié des nouvelles de Patrick Senécal, Jonathan Reynolds, Ariane Gélinas, Robin Aubert, Frédéric Raymond et Pierre-Luc Lafrance. Même s’il ne tient plus les rênes de la revue, on peut penser que le talent de Tremblay se trouve en direction littéraire plus qu’en rédaction.
Attribuer une aussi basse note à un roman d’ici n’a rien d’agréable mais, après Sutures, on ne peut qu’espérer une opération plus réussie la prochaine fois.
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