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[Critique] The Alienist: thérapie déficiente à New York

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2.5
Note Horreur Québec

Dans le New York de 1895, une série de meurtres atroces prennent la ville d’assaut. Les victimes, de jeunes prostituées trans, sont retrouvées horriblement mutilées: la liste de tortures subies par les victimes inclut les yeux et les organes génitaux arrachés. Le nouveau commissaire de police, Theodore Roosevelt (Brian Gerathy) (eh oui, on parle bien du 26e président des États-Unis), ne peut faire confiance à ses hommes corrompus. Pour résoudre le mystère, il se tourne vers le doué mais peu populaire aliéniste Dr. Laszlo Keisler, qui sollicite à son tour l’assistance de l’illustrateur John Moore (Luke Evans), de la secrétaire et première femme à travailler pour la police new-yorkaise Sara Howard (Dakota Fanning) et des frères Marcus et Lucius Isaacson (Douglas Smith et Matthew Shear), des détectives en train de développer la science forensique.

The Alienist: c’est ainsi qu’on appelait jadis un psychologue. Et puisque le profilage et la psychologie criminelle en sont à leurs premiers balbutiements au tournant du vingtième siècle, Laszlo ne se fait pas que des amis dans cette série télévisée du réseau TNT maintenant disponible sur Netflix… d’autant plus qu’il est loin d’être charismatique. Pour le personnage, Brühl est un choix intéressant. L’acteur allemand a l’habitude de camper des hommes réservés sous lesquelles on sent bouillonner les émotions. Hélas, le personnage manque de substance et les circonstances de sa notoriété sont gardées sous silence. Que fait-il aux États-Unis? Pourquoi Roosevelt choisit-il de lui demander son aide exactement? Et pourquoi s’implique-t-il autant dans l’enquête?

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On se demande aussi pourquoi avoir choisi de faire de Theodore Roosevelt un personnage alors qu’on l’exploite si peu. Gerathy en livre l’interprétation la plus faible jamais vue; cela dit, le scénario et les dialogues lui donnent peu d’occasion de se démarquer. La plupart du temps, Roosevelt se contente de poireauter d’un air mécontent en se faisant envoyer promener par ses policiers. Ennuyant. Le personnage de Sara Howard est une autre déception. On comprend tout à fait la froideur de cette femme qui doit sans cesse justifier sa présence dans un univers misogyne, mais Fanning livre chaque réplique d’un ton plat et égal, comme si elle venait de l’apprendre.

Smith, Shear et Evans (surtout) se distinguent un peu plus, mais le rôle le plus divertissant demeure celui du Capitaine Connor (David Wilmot), un méchant policier irlandais crotté — il faut dire, d’ailleurs, que le New York de The Alienist rappelle celui de Gangs of New York. Avec son nuage de fumée de cigarette, ses rues sales et bondées et ses bordels éclairés à la lampe à l’huile, l’univers de la série est parfaitement travaillé, et on sent dans son portrait de l’industrialisation une pointe de steampunk. L’influence de la série Hannibal se fait sentir dans la fétichisation du sang et de l’anatomie de la caméra, des épisodes psychologiques intenses du style «je rentre dans ta tête» et une scène un peu weird où Laszlo se met dans la peau du tueur en parlant à la première personne, comme le ferait Will Graham.

The Alienist est une série qui traite de la transidentité avec beaucoup de sensibilité — trop, peut-être? On s’explique: les personnages sont formidablement en avance sur leur époque et pas juste parce qu’ils s’y connaissent en empreintes digitales. En acceptant de facto que l’idée de genre et l’orientation sexuelle ne sont pas binaires, Laszlo et cie font preuve d’une ouverture d’esprit qui s’oppose à celle de leur époque. Drôle de constat pour une série où des individus trans sont charcutés, mais même les méchants, pour la plupart, ne s’indignent de cette transitude qui froisse encore au vingt-et-unième siècle. On y parle à peu près toujours des jeunes prostituées au elle et, si elles vivent indéniablement dans des circonstances ignobles, elles semblent former une solide communauté… C’est bien, mais on ne peut s’empêcher de se demander: en 1896, un réseau de prostitution juvénile qui exigent que des ados nés garçons s’habillent en filles ciblerait-il uniquement les individus trans? N’y aurait-il pas dans le lot plus de garçons cisgenre? Ça peut paraître mineur, mais il s’agit d’une invraisemblance qui nous rappelle qu’on est bien devant de la fiction.

Ainsi, malgré ses meilleurs efforts, The Alienist n’arrive pas à nous offrir une série criminelle de la même envergure qu’Hannibal ou Mindhunter. Comme la série Kreiszler de l’auteur américain Caleb Carr compte trois romans et deux autres à venir, on peut espérer (ou pas) une deuxième saison: reste à voir si elle sera supérieure à la première.

The Alienist | Official Trailer [HD] | Netflix

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