Dans un futur rapproché, une Londonnienne accouche d’un petit garçon au moment même où la nature se révolte. Dans un monde ravagé par des inondations et où les hommes se tournent les uns contre les autres, la petite famille se déplace de refuge en refuge, à la merci de la dégénération du monde tel qu’ils le connaissent et des besoins du bébé, indifférent à la situation.
J’admets d’emblée avoir été induite en erreur en croyant qu’il s’agissait d’un roman d’horreur, une chose que certaines critiques avaient suggérée. Ça n’en demeure pas moins une perspective horrible: élever un enfant et découvrir son rôle de parent dans un monde qui s’écroule. C’est court et fracassant, propulsé par une narration trouée dont chaque non-dit crie, pleure et rit avec intensité. Une ode à la résilience qui nous invite à accepter le cycle de la vie dans toute sa beauté et sa cruauté, The End We Start From devrait particulièrement interpeller les parents, les endurcis comme les nouveaux, et celles qui sont passées par des grossesses, accouchements et périodes d’adaptation difficiles.
La narration éclatée et décidément postmoderne de The End We Start From ne plaira pas à tous. Il n’y a aucun dialogue, les personnages ne sont jamais nommés, et les courts paragraphes sont entrecoupés d’extraits de textes de genèse religieux et mythologiques (dans ses remerciements, l’auteure reconnaît l’inspiration du livre Beginnings: Creation Myths Of The World).
Le roman rempli de silences et de suggestions est porté par une plume légère et poétique dont l’apparente simplicité cache autant de beauté que de puissance, comme lorsque la narratrice compare des trous de balle de fusil aux marques laissées par une infestation de vers, ou qu’elle décrit sobrement l’horreur de s’apercevoir pour la première fois que les dangers décrits aux nouvelles télévisées nous concernent aussi, qu’ils ne se passent pas dans un autre pays. S’il y a bien une naissance à célébrer, c’est celle de Megan Hunter comme auteure, qui signe ici son premier roman.
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