Si l’exercice de trouver nos coups de cœur horrifiques de l’année est plaisant, devoir les classer dans un Top 10 est une tâche plus hasardeuse et crève-cœur. Bref, peu importe l’ordre, vous devez voir tous ces films à l’exception évidemment de mon coup de gueule. En bonus, je vous propose une BD que j’ai beaucoup appréciée (et elle est québécoise en plus).
10 – Mandy de Panos Cosmatos
Mandy nous propose un sacré trip sur l’acide. C’est sale, c’est violent et la construction narrative est totalement bordélique. Nicolas Cage est au sommet de son art et visuellement, on dirait que les images ont été tournées en VHS. Je ne suis pas certain d’avoir aimé ça, mais peu importe, il faut voir ce film.
9 – Errementari de Paul Urkijo
Errementari flirte davantage avec le fantasique que l’horreur, mais propose un bestiaire démoniaque plutôt cool. À la vue de ce film basque, j’avais l’impression de regarder un épisode de la série Monstres et Merveilles (The Storyteller), ce qui n’est pas une mauvaise chose tellement cette série a marqué positivement mon enfance. Ajoutez à cela un humour pince-sans-rire et une conclusion dantesque, vous avez le parfait petit film pour agrémenter une morne journée d’hiver.
8 – Annihilation d’Alex Garland
Je l’avoue, je suis un grand fan de Jennifer Jason Leigh et j’étais très heureux de la voir tenir un rôle antipathique et ambigu dans Annihilation. Bridget Fonda et elle sont en partie responsable de mon éducation sexuelle grâce à leur délicieuse prestation dans Single White Female de Barbet Schroeder (Passe-Carreau y a aussi contribué avec son imitation de chat, mais c’est une autre histoire). À l’instar d’Arrival, le film est plutôt lent et lorgne parfois du côté du drame intimiste, mais propose tout de même quelques scènes de frousses et deux-trois effets gores qui ne sont pas piqués des vers. La finale – qui ressemble à s’y méprendre à un clip de Björk – m’a franchement désarçonné et ne m’a pas totalement convaincu, mais pas au point de gâcher mon plaisir.
7 – Hereditary d’Ari Aster
Quoique imparfait, Hereditary mérite sa place dans ce Top 10. Le drame vécu par cette famille est particulièrement éprouvant et certaines scènes risquent de vous hanter pendant longtemps, surtout celles avec la petite Milly Shapiro, dont la physionomie singulière est exploitée de manière fortement inquiétante dans le film. Bref, à l’instar de ce personnage, on en prend plein la gueule!
6 – Batman: Gotham by Gaslight de Sam Liu
De kessé? Un film de super-héros dans un Top 10 consacré à l’horreur?! Ben oui, pourquoi pas? Basé sur une BD de Batman écrite par Mike Mignola (Hellboy), ce film d’animation vaut le détour. Dans cet univers parallèle qui se passe au 19e siècle, Batman doit affronter Jack L’éventreur en personne. Cette adaptation ne respecte pas beaucoup le scénario de Mignola, mais propose tout de même une histoire originale et inattendue. C’est dérangeant. C’est violent. Bref, j’ai beaucoup aimé.
5 – Assassination Nation de Sam Levinson
Dans la critique que j’ai publiée lors de la sortie du film en septembre, j’ai affirmé que Assassination Nation est une belle découverte qui trouvera peut-être un jour sa place avec d’autres brûlots politiques comme Fight Club et A Clockwork Orange. Je persiste et signe! Évidemment, on pense à la franchise The Purge, mais la réalisation inventive de Sam Levinson est franchement supérieure. En plus, il y a un magnifique plan séquence qui rappelle celui de Tenebre de Dario Argento. Quoi demander de plus?
4 – Apostle de Gareth Evans
Un héros solitaire et tourmenté, des villageois fanatiques, une étrange entité cachée dans la forêt, un lieu isolé… «Le Cauchemar d’Innsmouth» de H.P. Lovecraft n’est pas loin. Il ne m’en fallait pas plus pour attirer mon attention, surtout en sachant que le réalisateur de The Raid était à la barre de ce long métrage. Le film égratigne les religions au passage – ce qui fait plutôt plaisir en cette période de rectitude politique – et nous rappelle assez justement que ce sont toujours les femmes qui sont les premières victimes de ces doctrines moyenâgeuses. Sectarisme, torture et crime d’honneur sont donc au menu de cette production Netflix particulièrement réussie.
3 – Revenge de Coralie Fargeat
Revenge, c’est un peu comme un Drive au féminin. La musique est excellente, la réalisation est stylisée et les références abondent. Que ce soit I Spit On Your Grave, The Texas Chain Saw Massacre ou encore Rambo 3, l’amateur de films de genre ne peut rester indifférent. Ce long métrage – où tous les mecs sont des salauds (et accessoirement Français) – s’inscrit parfaitement dans le mouvement #MeToo, tout en demeurant fidèle aux codes de ce genre dérangeant qu’est le rape and revenge. Certaines situations ne sont pas toujours crédibles, mais on s’en moque tellement le spectacle est impressionnant et la mise en scène est ingénieuse. Sensations fortes garanties ou argent remis.
2 – The Ritual de David Bruckner
Film hybride entre Delivrance et The Blair Witch Project, The Ritual a lancé mon année 2018 sur un bon pied. Techniquement impeccable (même la créature en CGI a de la gueule, ce qui est plutôt rare dans le domaine de l’horreur), cette production aurait clairement mérité une sortie en salle. Ce long métrage est probablement trop cérébral et mature pour certains spectateurs, mais perso, j’ai été scotché à mon téléviseur du début à la fin. Les acteurs principaux (ô sacrilège, tous masculins) sont excellents et la proposition est tout à fait crédible. Le tout se termine sur une conclusion aussi virile et bestiale que celle du Predator de John McTiernan. Un must!
1 – Hold the Dark de Jeremy Saulnier
Voici un film qui n’épargne personne, ni ses protagonistes, ni le spectateur. Plutôt déprimante mais vachement réussie, cette nouvelle réalisation de l’auteur de Green Room vaut vraiment le détour, du moins pour ceux qui apprécient un cinéma plus exigeant qui ne flatte pas le public dans le sens du poil. On assiste à l’une des scènes de fusillade les plus violentes que j’ai vues de ma vie et le long métrage exploite d’une manière originale les codes du slasher. Hold the Dark m’a marqué d’une manière indélébile.
Mon coup de gueule
Truth or Dare de Jeff Wadlow
Suis-je vraiment obligé de parler de cette cochonnerie? Je l’ai vu en salle et c’était une grosse perte de temps. Ça sent le réchauffé, les effets spéciaux sont médiocres et, à moins d’être un ado de treize ans, le film ne fait même pas peur.
Meilleure BD
Jardin mécanique – L’Asile de St-Iscariote de François De Grandpré, Sylvain De Carufel et Jeik Dion
L’histoire de Jardin mécanique, à la fois brutale et hilarante, prend place dans un univers victorien typique de la littérature gothique. Tous les personnages sont de véritables psychopathes et le récit est tellement riche du côté des rebondissements que j’ai pris un plaisir fou à lire cette BD. Les dessins de Jeik Dion sont magnifiques et proposent des images cauchemardesques. Souhaitons qu’une suite sera bientôt mise en chantier.
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