Plusieurs perçoivent 2018 comme une année pauvre pour le cinéma d’horreur et je dois dire que je suis loin d’être d’accord avec eux. Les artisans du milieu nous ont offert des œuvres inspirantes et ont parfois même fait preuve de grande créativité si on pense à Luz, par exemple. Même du côté des séries, les fans ont été choyés et moi de même. L’excellent The Haunting of Hill House, la captivante deuxième saison de Castlevania et le surprenant Castle Rock, m’ont prouvé que l’horreur a maintenant une place de choix à la télévision. De plus, par le biais du festival Fantasia, le fort intéressant Timur Bekmambetov (Night Watch) est venu présenter trois de ces productions: le pas si mal Unfriended: Dark Web, le très bon Searching et l’excellent Profile, qu’il a lui-même réalisé. Le langage cinématographique qu’il a créé donne parfois des résultats inégaux, mais est définitivement à surveiller, surtout dans notre monde de plus en plus dépendant de la technologie. Je peux donc facilement dire que 2018 m’a fichtrement bien diverti!
10- Anna and the Apocalypse de John McPhail
Difficile de résister à cette charmante comédie musicale de zombies. Malgré plusieurs appréhensions et préjugés que j’avais avant le début du visionnement, ils se sont vite dissipés. Le film ne réinvente absolument rien, mais ça ne l’empêche pas d’être un excellent divertissement. Les comédiens sont tous bons et interprètent avec bonheur cette bande de jeunes confrontée à des hordes de morts-vivants. La musique, quoique très pop, s’avère accrocheuse. Rares sont les expériences à Fantasia où l’on a juste envie de chanter et danser en sortant de l’auditorium avec un grand sourire accroché au visage. Un de mes coups de coeur de l’édition Fantasia 2018.
9- Profile de Timur Bekmambetov
Le film de Timur Bekmambetov n’a pas de sang qui gicle partout ou de morts-vivants en quête de chair humaine, mais l’horreur se retrouve dans son propos. Suivre la démarche journalistique de cette femme, Amy, infiltrant le monde des djihadistes est franchement captivant et fascinant. Le sujet est encore plus effrayant lorsque l’on sait que le récit est basé sur un livre relatant l’histoire vraie de la journaliste Anna Erelle. J’ai l’impression que ce film ne sera pas vu par un large public, ce qui est bien dommage, car l’utilisation du «screen reality» est terriblement efficace. Aussi, Shazad Latif (The Commuter) incarne le recruteur djihadiste Abu Bilel Al-Britani de façon magistrale. Un thriller qui vous maintiendra sur le bout de votre siège tout au long du visionnement.
8- Tigers Are Not Afraid de Issa López
Le film de Issa López démontre à merveille la pertinence du festival Fantasia: nous faire découvrir des perles cachées que l’on ne verrait probablement jamais. Tigers Are Not Afraid est un magnifique conte horrifique dans la même veine que The Devil’s Blackbone de Del Toro. On se retrouve plongé dans le monde cruel et extrêmement sombre des cartels de la drogue, et on ne peut qu’en être troublé. Tout cela est possible grâce à l’incroyable performance d’une crédibilité alarmante des jeunes enfants. Un film intelligent et créatif qui vous offre une bonne dose de frayeur et d’émotion. Définitivement bouleversant.
7- The Dark de Justin P. Lange
Quelle belle surprise que The Dark! Non ce n’est pas un simple film de zombie comme ceux auxquels nous sommes habitués. Le premier long métrage de Justin P. Lange est une fable extrêmement touchante relatant l’amitié entre deux jeunes “monstres”. Les deux acteurs adolescents parviennent à jouer avec finesse et justesse leur personnage pour le moins éclopé par la vie. Les maquillages et effets spéciaux sont parfaitement réussis. Lange a la recette parfaite pour un récit qui mélange habilement angoisse et émotion. Comme le dit si bien Marc Boisclair dans sa critique, c’est le genre de film qui mérite que l’on en parle abondamment avant qu’il ne tombe dans l’oubli.
6- A Quiet Place de John Krasinski
J’avais écrit dans ma critique, en avril dernier, que le film de John Krasinski était sans aucun doute l’un des meilleurs films d’horreur de 2018. Je le pense encore, quoique certains le surpassent. A Quiet Place a le mérite d’avoir réussi ce que peu de films ont réussi: faire taire les gens dans une salle de cinéma. Sans respecter le silence absolu, les spectateurs ont su écouter attentivement le récit et je dois dire que cela à fait un bien immense. Parfois prévisible, on nous propose des jumps scares faciles, mais c’est tout de même efficace. Le silence installe un malaise tout au long du film et c’est franchement angoissant. Je n’osais même pas bouger de mon siège pour ne pas faire de bruit. Bien hâte de voir la suite!
5- Terrified de Demián Rugna
Terrified a été l’expérience cinématographique la plus angoissante, non seulement du festival Fantasia, mais de l’année 2018. Je ne me souviens pas dans ma longue vie de cinéphile d’être sorti d’une projection encore tremblotant. Tout au long du visionnement, notre rédacteur en chef, Marc Boisclair, et moi avions les mains devant le visage. C’est tout dire! Pour certains, le scénario donnera l’impression d’être aussi mince qu’une feuille de papier. Je dois concéder que c’est une histoire assez simplette, mais Demián Rugna parvient à nous offrir une œuvre efficace et tellement effrayante. Plusieurs le savent, je sursaute à rien en regardant des films d’horreur et, cette fois-ci, j’ai bien cru que mon cœur allait lâcher!
4- Halloween de David Gordon Green
Dès l’annonce d’une suite directe au classique de Carpenter de 1978, un mélange d’excitation et de scepticisme est monté en moi. David Gordon Green offre un film spécialement pour les fans de la série et tout l’amour du genre y transparaît. On ne s’ennuie jamais et les nombreux clins d’œil aux autres films de la série font sourire. L’idée d’inverser les rôles de prédateur et de victime est ingénieuse et extrêmement efficace dans le récit. Jamie Lee Curtis est toujours aussi en grande forme et son talent d’actrice est indéniable. Non, ça ne surpasse pas l’original, mais c’est foutrement mieux que plusieurs des suites insipides de la franchise.
3- Luz de Tilman Singer
Luz est définitivement l’ovni de cette liste et c’est loin d’être une mauvaise chose. Tilman Singer parvient, d’une main de maître, à nous captiver par ce récit délirant pendant 70 minutes. On se retrouve devant une œuvre originale, créative et tout à fait mémorable. La scène d’hypnose dans le commissariat est définitivement l’une des meilleures de l’année 2018 par son ingéniosité et son inventivité. C’était carrément du jamais vu! Dans ce contexte, il est difficile de croire que le film a pris naissance dans un cadre universitaire. Une expérience cinématographique que je me souviendrai longtemps.
2- Suspiria de Luca Guadagnino
La pression était grande sur le film de Luca Guadagnino (Call Me By Your Name): faire un remake du film culte de Dario Argento était pour ainsi dire suicidaire. Ma surprise fut alors plus grande et le résultat est tout simplement magnifique. Contrairement à l’oeuvre du réalisateur italien, la danse a un rôle primordial dans le récit et les chorégraphies sont sublimes. Certes, Suspiria n’est pas aussi éclaté visuellement que l’original, mais son esthétisme des années 70 est parfait. J’étais heureux de plonger à fond dans l’univers des sorcières qui est, cette fois-ci, beaucoup plus complexe et approfondi. Le caméo de Jessica Harper s’avère très touchant comme moment.
1- Hereditary d’Ari Aster
Hereditary fait partie de ces films qui, tout comme Suspiria, divisent au sein des fans d’horreur. Ce film a été pour moi un véritable coup de poing. Avec ses allures de drame familial, l’œuvre d’Ari Aster nous propose un scénario en montagne russe, extrêmement émotif et complexe. J’étais à bout de nerf pendant une bonne partie du film et je ne dis pas cela négativement. Toni Colette est tout simplement sublime et son partenaire Gabriel Byrne l’est tout autant. Hereditary m’a habité pendant longtemps après mon visionnement et est définitivement mon film préféré de 2018. Une grande œuvre du cinéma d’horreur moderne!
Mon coup de gueule
Eli Roth’s History of Horror / Summer of 84′ de RKSS
Difficile de faire un choix parmi mes déceptions. Mon choix s’est arrêté sur deux titres pour des raisons complètement différentes.
J’avais des attentes élevées pour le documentaire d’Eli Roth. Je me questionnais sur sa façon de faire avant mon visionnement et j’avais peur qu’on effleure trop peu les différents genres dans le cinéma horrifique. Non seulement c’est le cas, mais, en plus, on nous dévoile plusieurs grands punchs de nombreux films classiques ou récents. C’est tout à fait inacceptable et carrément niaiseux. Ne perdez votre temps!
Je me suis fait souvent parler de ma critique pour Summer of 84‘. Autant que j’ai eu des commentaires me disant que j’étais trop dur ou bien pas assez selon les opinions. La pression était peut-être trop forte sur le collectif RKSS, mais je l’ai mis dans mes déceptions, car je sais qu’ils sont capables de mieux. Je suis un grand fan de leur œuvre et je suis leur carrière avec attention. Le film n’est pas une catastrophe en soi (ma note n’est quand même pas si mal), mais demeure générique et n’a pas l’âme de ce que le trio nous a habitué. Dommage!
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