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[Critique] Black Mirror – saison 5: le miroir le moins noir

Striking Vipers
Smithereens
Rachel, Jack and Ashley Too
Note des lecteurs2 Notes
Points forts
Points faibles
3.5
Note Horreur Québec

Après une quatrième saison un peu tiède et un film interactif plutôt divertissant, Black Mirror est de retour sur Netflix et nous ramène ses défaillances technologiques vicieuses. Trois épisodes nous sont cette fois servis en guise de cinquième saison, qui marque un certain tournant pour la série qui commençait à tourner en rond.

Striking Vipers

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Owen Harris, qui nous a donné les précédents épisodes San Junipero et Be Right Back, nous offre une vision encore peu exploitée de la réalité virtuelle lorsque deux amis se retrouvent des années plus tard pour jouer une partie de leur jeu de combat préféré. Alors qu’on s’attend à une relecture typique et usée sur le phénomène de l’immersion, le scénario surprend en nous confrontant à un dilemme moral bien différent. L’épisode devient alors une antithèse des jeux à la Mortal Kombat lorsque le drame se joue dans la psychologie des personnages plutôt que dans l’action effrénée d’une bagarre sanguinaire.

La direction des acteurs est impeccable. Anthony Mackie (The Hurt Locker) et Yahya Abdul-Mateen II (Candyman 2020) réussissent à nous embarquer dans leur relation amicale ébranlée, mais Nicole Beharie (la série Sleepy Hollow) leur vole un peu la vedette, notamment dans une scène où son personnage explose sa détresse lors d’un souper romantique. Striking Vipers exploite des détours surprenants et est définitivement l’épisode qui fera le plus jaser autour de la machine à café.

Smithereens

Black Mirror Smithereens

Avec Smithereens, on entre encore une fois dans un sujet technologique usé — qu’on préfère vous laisser découvrir au fil du film —, mais aussi développé de manière originale. James Hawes (Penny Dreadful, The Alienist) réalise le film où un chauffeur de type Uber semble avoir une idée bien précise en tête à propos des passagers qu’il cueille. L’épisode tient bien en haleine alors que les morceaux du casse-tête se mettent lentement en place jusqu’à un dénouement très touchant.

Dans la peau du conducteur, Andrew Scott (Sherlock) livre une performance remarquable en parvenant à faire passer son personnage de menace à sensible en peu de temps. La mise en scène réussit heureusement à nous faire oublier l’aspect un peu trop moralisateur de ce scénario résolument crève-cœur.

Rachel, Jack and Ashley Too

«Crois en tes rêves et ils se réaliseront.»

Black Mirror Rachel, Jack and Ashley Too

Ces phrases vides que nous servent ad nauseam les chanteuses populaires lors de discours de remerciement donnent le ton à ce dernier épisode, qui vient écorcher l’industrie de la musique. Miley Cirus y incarne la chanteuse adulée par les adolescentes Ashley O, dont l’image bien contrôlée ne correspond pas tout à fait à sa personnalité. La parution d’un nouveau gadget modelé à son image viendra ajouter une couche à ses tourments.

L’interprète controversée de Wrecking Ball s’avère un choix idéal ironique pour incarner le personnage. Et c’est plutôt hilarant également de l’entendre livrer des versions diluées de classiques de Nine Inch Nails — «Head like a hole / Black as your soul» devient ici «Hey, yeah whoa-ho / I’m on a roll»! —, une blague qui prend son sens au fil du dévoilement de l’intrigue. Dommage que l’épisode s’effondre à mi-chemin lors d’une course contre la montre qui cabotine. Le scénario, surchargé d’humour inutile, devient alors beaucoup trop touffu, mais fait sourire.


Fait sourire. C’est probablement là où les fans des visions cauchemardesques que nous offraient Black Mirror resteront sur leur faim. D’un côté, la série avait grandement besoin d’un changement de cap pour se renouveler et explorer des finales où les avancées technologiques détraquées peuvent maintenant nous venir en aide est une excellente avenue. Mais de l’autre, à part le Smithereens un peu plus corsé, on s’ennuie du goût amer que pouvaient laisser des épisodes comme Nosedive ou Be Right Back en bouche, parfois même longtemps après notre visionnement. Même si le résultat final positif et recommandé, sachez que cette saison s’avère la moins horrifique de la série.

Et si, maintenant que tout le monde est convaincu que notre planète s’éteint et après des décennies de visions dystopiques, l’avenir de notre divertissement passait par le fantasme d’un futur plus reluisant?

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