[Critique] Terreur 404 - saison 2: courts-circuits cathodiques

Note des lecteurs1 Note

3.5

Note Horreur Québec

Le projet de Sébastien Diaz a connu un succès retentissant dans notre belle province ainsi qu’à l’international. On ne peut que se réjouir de cette réussite, et ce même si la première saison n’était pas parfaite. Cela dit, trop peu de gens osent s’aventurer dans le genre horrifique, si bien que l’on se doit d’encourager ses créateurs, surtout considérant que par l’intermédiaire de la plateforme ICI Tou.tv, ils peuvent ainsi atteindre un plus large public. De plus, une panoplie de vedettes chères aux yeux des Québécois se sont prêtés au jeu de cette deuxième saison: Marc Messier, Julie Le Breton, Guy A. Lepage, Pier-Luc Funk, Gaston Lepage, Vincent Bolduc, Alexandre Goyette et j’en passe.

De prime abord, force est d’admettre cette saison est supérieure à la première. Fidèle au titre de la série, certains des courts-métrages parviennent efficacement à terrifier et d’autres font preuve de créativité. Le principe de la web-série reste le même: chaque conte a pour thématique la technologie qui nous entoure et l’impact cauchemardesque qu’elle peut avoir sur nos vies.

Chose certaine, avec Terreur 404 et d’autres entreprises comme le festival SPASM, le court-métrage est toujours aussi pertinent pour les amateurs d’horreur. Néanmoins, ces derniers ne sont peut-être pas le public cible pour cette série. Avec l’expérience, les fans sont souvent à la recherche d’oeuvres plus dérangeantes et malsaines. Ils ne sont toutefois pas laissés-pour-compte ici et apprécieront grandement les quelques clins d’œil offerts aux classiques du cinéma d’horreur. La série sert davantage d’introduction aux non-initiés qui, on l’espère, se découvriront un intérêt pour les courts horrifiques.

Marie Noire (13 min.)

Frédérique, Kim et Marie-Line reviennent de passer l’Halloween et sont à la recherche de sensations fortes. La solution: l’application Marie Noire, censée ouvrir une porte sur le monde des esprits. Les amies étaient loin de se douter dans quoi elles venaient de s’embarquer. Sans rien révolutionner, Marie Noire réussit, grâce au jeu des comédiennes, dont celui d’Émilie Bierre (Les Beaux Malaises), à construire une atmosphère angoissante. Même si sa conclusion s’avère prévisible, ce suspense vous tiendra tout de même en haleine.

Le monde des morts (12 min.)

Robin s’inquiète pour Marc, car celui-ci est obsédé par «Le monde des morts», une émission qui parle de meurtres, de coutumes funéraires morbides et de torture. Il invite donc sa famille afin d’aider Marc à vaincre sa dépendance. L’idée de départ est captivante: être dépendant aux balados est tout à fait rafraîchissant et actuel. Le scénario de Le monde des morts aurait sûrement gagné à s’épanouir en long-métrage. La psychologie et l’histoire du personnage de Marc (Antoine Pilon, Mémoires vives), méritent certainement qu’on les développe davantage. Ce court est probablement le plus brutal du lot dans son utilisation de la suggestion plutôt que l’exhibition de la violence.

Krystelle (17 min.)

Vieux garçon, Laurier s’attache vite à Krystelle, sa poupée gonflable qu’il a gagné en naviguant sur un site porno. Partageant avec elle les petits moments du quotidien, il développe rapidement une affection sincère pour son jouet sexuel. Un jour qu’il revient du bureau, Krystelle semble s’être déplacée. Perd-t-il la tête ou la poupée prend-t-elle vie? Krystelle permet à Marc Messier (Grande Ourse) de nous offrir une brillante performance dans la peau d’un veuf cherchant à combler sa solitude. Impossible de rester insensible lorsqu’il fait mention de sa femme décédée. Le récit prend par la suite une tournure inquiétante lorsque Laurier croit que la poupée est animée; un classique, mais qui fonctionne bien. Malheureusement, la fin de l’histoire présente des éléments particulièrement ratés et risibles qui nous font décrocher de l’aventure. Dommage!

Le cinquième passager (12 min.)

Quatre inconnus, à l’aide d’une application de covoiturage, partent en direction de Montréal. Un meurtrier, au même moment, est en cavale. Leurs chemins finiront-ils par se croiser? L’influence d’un certain film français se fait extrêmement sentir tout le long du segment, ce qui ne gâche en rien notre plaisir. C’est violent, sanglant, dérangeant et sans aucun temps mort. La station-service isolée dans la noirceur est le parfait environnement pour ce genre de récit et amplifie notre sentiment d’inquiétude. Le cinquième passager s’avère fort réussi.

Le Nahual (14 min.)

En cavale depuis des mois, Christine et Sylvain ont enfin trouvé un endroit pour se reposer un peu. Malheureusement, Sylvain a eu la brillante idée de lire les incantations trouvées sur Internet à propos de l’étrange image qui trône au milieu du salon, un démon protecteur mexicain, le Nahual. Suite de l’excellent La maison des amants, Le Nahual adopte un ton différent et évite donc de nous servir la même formule. Les effets spéciaux sont extrêmement réussis en ce qui a trait à la créature. De plus, Jade-Mariuka Robitaille (King Dave) est à l’aise dans son rôle et parvient à être attachante. La tension est bien amenée et Diaz a su trouver le bon ton pour rendre le tout divertissant. C’est définitivement l’un des meilleurs courts de la saison.

Le trajet (15 min.)

Anne-Marie est une mère obsédée par la course à pied. Grâce à la nouvelle montre que son conjoint lui a offerte, elle peut mesurer les distances qu’elle parcourt sur son trajet préféré qui semble parfois interminable. Les scénaristes, Samuel Archibald et William S. Messier, nous proposent un concept complètement original avec Le Trajet. Julie Le Breton (Peau Blanche) sort de sa zone de confort et s’avère convaincante en joggeuse obsédée par la performance. Le sentiment de panique s’installe rapidement et le spectateur le ressent pleinement. Diaz avait affirmé en entrevue qu’il s’agissait du plus gore de la saison et il avait raison. Attention: ne vous attendez pas à voir une quantité importante d’hémoglobine, mais pourtant, plusieurs d’entre vous — comme moi — souffriront avec Anne-Marie. On vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi.

Place des frênes (13 min.)

Florence, vendeuse à la Place des frênes et animatrice de la chaîne Instachat @TrashdesFrenes, est bien occupée à publier du contenu. Tellement absorbée par ses vidéos qu’elle ne remarque pas qu’un virus se propage au travers du centre d’achats. Rappelant par moment Dawn of the Dead, Place des frênes est définitivement le court le plus faible de la saison. Le problème ne vient pas nécessairement des acteurs, car dans l’ensemble, ils sont tout à fait respectables. Là où le bât blesse est surtout dans le traitement du scénario que les amateurs d’horreur connaissent par cœur. Aussitôt terminé, aussitôt oublié.