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[Critique] Furie (Get In): il était une fois… la suprématie masculine

Note des lecteurs8 Notes
2.5
Note Horreur Québec

Alors qu’ils reviennent de vacances, un couple qui avait accepté de prêter gentiment leur somptueuse demeure à la gardienne et son conjoint sont confrontés à une mauvaise surprise. Les loquets sont changés et les habitants affirment dorénavant qu’ils sont chez eux. Ce qui s’engage comme un duel devant les tribunaux deviendra rapidement un combat personnel.

Netflix nous livrait tout récemment le film Furie (Get In), du cinéaste français Olivier Abbou (Territoires). Impliqués également au niveau de l’écriture, Abbou et son collaborateur Aurélien Molas ont su proposer d’entrée de jeu un suspense assez riche. Plusieurs seront d’autant plus captivés qu’on nous souligne qu’il s’agit d’une véritable histoire. Fonder un récit sur la suprématie mâle et tenter d’en décortiquer les névroses devient une chose courante du cinéma actuel avec le girl power omniprésent dès qu’on lance une projection. Mais ici, ce complexe de castration subit par ce père de famille est accentué par sa couleur de peau. On questionne donc en filigrane sur les vestiges laissés par la discrimination raciale qui laisse des plaies difficiles à panser. On le sait, plus une personne est discréditée, plus son éclatement risque d’être important. La maison devient très vite un symbole de réussite, de virilité et d’acceptation. Elle devient par ce fait même une préfiguration du respect et de l’admiration.

Get In affiche film

Le spectateur n’est certainement pas face à un récit vide de sens. Le problème c’est que le long-métrage, qui devient un pamphlet anéantissant ce concept même de virilité et qui dénonce ce faux semblant d’acceptation collective des minorités, manque vite de souffle. Il accuse non seulement un rythme déficient, mais aussi plusieurs effets forcés en cours de route. Le sceau «histoire vraie» tente d’étouffer certaines invraisemblances, mais il est difficile d’être dupe envers chacun des revirements. Dès que les confrontations partent en vrille, tout semble forcé et le ton redondant nous assomme. Les initiés ont eu la chance de voir une multitude de films similaires. Lentement, le scénario puise dans des classiques du home invasion comme Night of the Living Dead et Straw Dogs, sans oublier de bifurquer vers les récents produits qui ont laissé une marque comme You’re Next, Vacancy, Ils, Us ou même The Strangers. Dommage puisqu’on pressentait une œuvre bien moins anonyme au départ.

La réalisation d’Abbou est vigoureuse et réussit à instaurer plusieurs tensions. Son application aurait été assez solide pour alimenter un scénario plus dense, toutefois. L’interprétation est en tout point convaincante, même si les personnages frôlent quelques fois la caricature.

Horreur Québec