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[Critique] Leatherface: un suave et exquis tourbillon de détritus

Note des lecteurs4 Notes
3.5
Note Horreur Québec

Un groupe de jeunes dérangés s’évadent d’une institution psychiatrique alors qu’une émeute survient. Parmi eux se trouve un jeune homme qui deviendra bientôt le psychopathe au masque de cuir.

Sans être le film d’horreur de l’année, Leatherface ne mérite aucunement la foudre qui s’abbat sur lui depuis quelques semaines. Tout semble avoir été déjà exploité dans cette franchise, et ce, depuis longtemps. Rien ni personne ne saura refaire le film de 1974 et sa majestueuse suite (au singulier). Entre les épisodes, le remake, le prequel de ce dernier et cette tentative maladroite de revamper la franchise avec Texas Chainsaw 3D, que pourrait-on nous sortir de plus sur un personnage aussi fascinant?

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À ce titre, nous pourrions avancer que la plus grande force du film d’Alexandre Bustillo et Julien Maury devient aussi sa faiblesse. Les deux hommes tentent tellement d’offrir quelque chose de différent que les amateurs de la série risquent de s’y perdre. Contrairement au Halloween de Rob Zombie, qui finissait par reprendre la trame élaborée par l’original, Leatherface ressemble davantage à un mariage entre Natural Born Killers et The Devil’s Reject qu’à n’importe quel autre film de la saga. Les puristes de l’original devront décider si ce prequel (encore!) résiste à l’analyse, d’après les informations que nous détenions auparavant. Si l’on peut accepter qu’il ne s’agit principalement pas d’un film montrant des meurtres à la tronçonneuse, ou qui nous fera peur, il y a énormément à se mettre sous la dent.

Originalement d’une durée de deux heures au départ, il semble que les producteurs aient décidé de charcuter le film d’une bonne trentaine de minutes selon la rumeur, ce qui peut expliquer certaines petites failles au niveau du montage ainsi qu’à des explications un peu plus floues. La mise en scène aux différentes tonalités est peut-être aussi dépendante de ces coupures. Si certaines séquences sont plus appliquées, d’autres sont plus éparpillées. Rien de si dramatique quand on pense à ce qu’on nous livre ici: un film d’horreur pour adultes. À une époque d’aseptisation pour un genre qui devrait être plus explicite que jamais, il est bon de voir du gore générer le drame et non l’humour. De leur côté, les acteurs ne s’en tirent pas mal du tout, malgré des personnages un peu typés. Cela dit, si caricaturaux soient ces derniers, ils restent intéressants.

On comprend très vite que pour apprécier ce genre d’exercice, il faut embrasser ce parti-pris esthétique de la violence. Leatherface va en déconcerter plus d’uns. Les réalisateurs de À l’intérieur nous offrent un autre film glauque, dégénéré et rempli d’une violence complètement malsaine. La brutalité de certaines scènes est un pur délice et le long-métrage regorge de clins d’œil que les cinéphiles assoiffés de hardcore sauront reconnaître. Qu’on pense à certains opus de Rob Zombie, de Tobe Hooper, en passant par Jörg Buttgereit, le duo cultive avec vivacité ces hommages au «mauvais goût». Si vous trouvez un certain plaisir dans ce cinéma plus subversif, ce film imparfait saura vous happer comme un dix roues. Cette culture du « dégoût » vous fera l’effet d’un coulis de caramel chaud. Sinon, vous aurez l’impression qu’on a utilisé un personnage célèbre pour vous duper, ce qui n’est pas tout à fait faux non plus.

Horreur Québec