La sortie prochaine de Cuckoo, autant en salle qu’à Fantasia, est un moment très attendu depuis que le cinéaste Tilman Singer nous a rendu visite en 2018 pour nous présenter sa première bombe intitulée Luz. Comment un cinéaste sans expérience pouvait-il maîtriser autant ce médium qu’est le cinéma et le langage filmique? Et quelle bénédiction de constater qu’il avait aussi un penchant pour le macabre. Cela dit, s’agissait-il de la chance du débutant?
Forcée d’aller vivre avec son père qui vient de se trouver un poste dans un ensemble hôtelier camouflé dans les alpes bavaroises, une jeune fille de 17 ans connaîtra plusieurs épisodes inquiétants alors qu’elle accepte de tenir l’hôtel. Qui peut bien être cette femme étrange qui la pourchasse, et pourquoi la réception de l’hôtel doit être évacuée la nuit?
Sous des apparences simplistes, le scénario de Cuckoo, signé également par Singer, mélange habilement une kyrielle de thèmes qui convoquent à la réflexion et nous font aboutir à différentes suppositions s’encastrant les unes dans les autres comme de véritables poupées russes. Le public est alors convié à un jeu d’analyse d’où il devra démêler les maillons.
L’ensemble est encore plus déconcertant lorsque l’horreur et la frénésie pointent leur nez dans le décor. La finesse d’écriture avec laquelle le scénariste déploie les contours du chaos filmique offert empêche l’intrigue de sombrer lorsque certains passages paraissent à première vue moins cohérents. À la fin du film, on se surprend à se demander si on a bien compris l’essentiel de la trame, mais réalise aussi que cette incertitude n’atténue en rien la virée d’enfer à laquelle on vient d’assister.
Plastiquement parfaites, les images captées en 35 mm ont à la fois une texture et une expressivité peu commune. C’est comme si le grain perceptible à l’écran devenait lui-même une figure de l’horreur et magnifiait l’étrangeté des lieux. La réalisation de Singer saura finalement nous livrer plusieurs moments horrifiques saisissants dans Cuckoo, dont une scène à bicyclette carrément anthologique.
Dans le rôle de Gretchen, la jeune Hunter Schafer (Euphoria) démontre une maturité indiscutable. À ses côtés, Dan Steven (The Guest) joue les excentriques suspects avec l’assurance qu’on lui connaît.
Pour résumer, si vous avez la chance de voir Cuckoo en salle, et que vous pouvez tolérer ne pas avoir toutes les réponses, ruez vous. Il est clair que nous sommes face à un film qui va polariser, mais osez vous y risquer.
Cette entrevue était publiée dans le cadre de l’édition 2024 du festival Fantasia.
Cuckoo arrive en salle le 9 août.
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